Déchets produits dans le district de Namacurra, province de Zambézia. Photo : Programa Nacional de Controlo da Malária/ Direcção Provincial de Saúde, Tete

Pour sa campagne 2023 de distribution de masse de MII, le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) du Mozambique a modifié sa stratégie pour distribuer des MII emballées individuellement, principalement en réaction aux problèmes de qualité des MII et des balles rencontrés durant l’expérience 2019-2020 avec des moustiquaires emballées en vrac. La campagne 2023 couvrait neuf provinces et ciblait environ 31 millions de personnes avec 17 351 450 MII. Différents types de MII (PBO et IG2®) ont été distribués en porte-à-porte en une seule phase, c’est-à-dire en réalisant en même temps le recensement des foyers et la distribution des MII. Pour la planification et l’approvisionnement des MII, le PNLP et son partenaire de mise en œuvre, World Vision Mozambique (WVM), ont réalisé que la distribution de MII emballées individuellement entraînerait un volume important de déchets de plastique, à savoir les sacs dans lesquels les moustiquaires sont emballées, ainsi que le matériel des balles, qui devaient être gérés.

Il y a deux façons principales de gérer les déchets de plastique provenant des MII emballées individuellement :

  1. les foyers gèrent eux-mêmes les déchets, souvent en les brûlant, en les enterrant ou en réutilisant le sac ; ou
  2. le personnel de la campagne gère les déchets en les collectant au point de distribution et en les stockant pour les éliminer à la fin de la campagne.

Stockage des déchets dans l’entrepôt du district – Chifunde. Photo : Programa Nacional de Controlo da Malária/ Direcção Provincial de Saúde, Tete

Les foyers rencontrent souvent des difficultés quand ils gèrent eux-mêmes ces déchets. Les pratiques d’élimination peuvent inclure de brûler les sacs en plastique en plein air ou de les enterrer, avec de potentiels effets néfastes sur l’environnement, car la combustion libère des toxines dans l’air, tandis que l’enfouissement peut contaminer les sources d’eau avoisinantes et que le plastique n’est pas biodégradable ni compostable dans le sol. Les foyers recyclent souvent les emballages en plastique pour transporter leurs produits alimentaires ou non, ce qui n’est pas recommandé, puisque ces sacs sont contaminés par des insecticides.

La planification et la mise en œuvre d’une gestion efficace des déchets par le personnel de la campagne pour les emballages en plastique engendrés par la campagne MII comportent plusieurs aspects, du niveau central au niveau opérationnel. Parmi les difficultés, citons le fait d’assurer le stockage et la collecte des sacs en plastique à des niveaux décentralisés tout en minimisant l’exposition des travailleurs de la campagne à l’insecticide résiduel, de transporter les déchets depuis le niveau opérationnel jusqu’à un endroit où ils peuvent être incinérés ou recyclés de manière appropriée, et enfin de suivre les déchets pour s’assurer qu’ils sortent bien de la chaîne d’approvisionnement de la campagne. Tout cela mobilise des ressources précieuses qui, compte tenu des contraintes financières actuelles, peuvent ne pas toujours être disponibles.

En pesant les pour et les contre, le PNLP et WVM ont décidé que les déchets de la campagne devaient néanmoins être gérés par le personnel de la campagne dans le cadre de la stratégie de mise en œuvre et de clôture, et non par les foyers. La phase de planification a inclus l’élaboration d’une liste des entreprises de recyclage actives dans les provinces et districts ciblés. Cette liste reprenait non seulement l’endroit où ces entreprises étaient situées, mais aussi la manière dont elles recyclaient les déchets et quels étaient les produits finals issus du recyclage. Des séances d’information ont été organisées avec les entreprises de recyclage identifiées afin de mieux définir la manière dont un partenariat pourrait être mis en place.

Déchets produits dans le district de Namacurra, province de Zambézia. Photo : Programa Nacional de Controlo da Malária/ Direcção Provincial de Saúde, Tete

Bien qu’il y ait eu de petites variations dans la manière dont les entreprises de recyclage transportaient les déchets de plastique vers leurs installations, le processus suivant a généralement été convenu pour les provinces de Sofala, Zambézia et Tete :

  1. Pendant la distribution en porte-à-porte, les équipes de distribution remettaient les MII aux foyers sans leur emballage individuel en plastique.
  2. Ces emballages en plastique individuels étaient collectés et emballés dans les sacs de balles vides utilisés pour transporter les MII depuis les fabricants jusqu’aux sites de prépositionnement au niveau communautaire.
  3. Les véhicules utilisés pour les visites de contrôle sur le terrain servaient à transporter chaque jour les balles d’emballages en plastique usagés vers les sites de prépositionnement.
  4. À la fin de la période de distribution, les balles d’emballages en plastique et les MII non distribuées étaient collectées sur les sites de prépositionnement et transportées vers les entrepôts des districts respectifs par les mêmes véhicules déjà utilisés lors du prépositionnement.
  5. Les entreprises de recyclage (et dans certains cas, un autre intervenant/partenaire) étaient alors chargées de collecter les déchets auprès des entrepôts au niveau du district et de les transporter vers les usines de recyclage.

Les entreprises de recyclage n’ont pas présenté de facture au PNLP ou à WVM pour les déchets en plastique. Elles ont pu recycler ces déchets de plastique pour en faire des matières premières revendues ensuite à des fabricants de seaux en plastique, de pantoufles, de bottes en caoutchouc, de sacs en plastique, etc. Cette pratique a donc permis non seulement de réduire les risques immédiats pour l’environnement dans les communautés locales, mais également de contribuer à l’économie grâce à la production locale de matières premières et de produits de base.

L’une des principales leçons à tirer, c’est que l’élaboration de la liste des recycleurs privés devrait évaluer à la fois l’adhésion de l’entreprise aux directives environnementales nationales, y compris pour la gestion des déchets de plastique, et le produit final créé pour s’assurer qu’il n’ajoute pas d’autres déchets de plastique (par exemple, en recyclant des emballages pour en faire des sacs en plastique).